le jour ou Jean Mermoz atterit à Reynies

histoire: retour sur la grande épopée de l'aéro-club de reyniès

La carte de membre actif de l'époque.

Il ne s’agit pas d’une plaisanterie. Remontons plusieurs années en arrière : le 16 avril 1936, le Toulousain Maurice Bonhomme, maître bottier possédant une maison à Reyniès, était «copain de chasse» de Raymond et Georges Levade, De Mari, Capéran, R. Malfre et autres. Et tout naturellement, il fondait l’Aéro-Club de Reyniès.

Le bureau était constitué ainsi :

Président-fondateur : M.Bonhomme ; vice-présidents : D. Soussirac, maire de Reyniès, et Thomas, de l’école de vol à voile Montagne Noire ; secrétaires : M. Brémant (industriel) et M. Cogoreux, propriétaire ; trésorier : M. Malfre, agriculteur.

Le siège social était situé au lieu dit «La Briqueterie», en bordure du Tarn, le long de la route de Villebrumier.

Maurice Bonhomme, le pionnier
Roger Malfre se souvient : «En allant à pied à l’école, j’ai vu construire le hangar.» Ce hangar de 180 m2 servira de bureau et d’abri pour le Potez école, doté d’un moteur Renault de 95 ch, immatriculé FAJTX. Cet avion, sorti d’usine en 1930, fut acheté au Havrais, Léon Molon, un des tout premiers pionniers de l’aviation. Lors de l’achat, l’appareil n’avait que 664 heures de vol.

La piste d’envol et d’atterrissage jouxtait ce hangar largement entouré de cultures.

Maurice Bonhomme était un aviateur breveté, pilote civil et militaire. En créant l’Aéro-Club, il se faisait plaisir mais surtout, il aspirait à faire découvrir à la jeunesse ce sport en pleine évolution, cette époque était celle des grands raids aériens.

Maurice offrait gratuitement des baptêmes de l’air aux jeunes et aux moins jeunes, un véritable bonheur d’autant que le Potez était doté de doubles commandes permettant à l’apprenti aviateur de conduire seul l’avion-école (heureuse époque !). Bien sûr, l’aérodrome n’était pas parfait. Le président en était conscient, reconnaissant «qu’il était un peu court, nécessitant une certaine prudence tant au décollage qu’à l’atterrissage».

De fil en aiguille, l’Aéro-Club s’attirait une sérieuse réputation et nombreux étaient les visiteurs et les curieux, car en 1936, l’aviation était un domaine où tout restait à découvrir. «La Briqueterie» devint donc un endroit très fréquenté, très connu bien au-delà de Reyniès. Parmi les visiteurs, on peut noter les noms de Marcel Doret ou Cavelli, des grands de l’aviation.

En difficultés, Mermoz se pose à Reyniès
Mais le visiteur le plus célèbre fut, à n’en pas douter, Jean Mermoz.

En octobre 1936, parti de Toulouse Lasbordes, le célèbre aviateur s’est trouvé en difficultés entre Fronton et Reyniès. Par radio, il faisait appel à Maurice Bonhomme qui lui demandait de rejoindre «La Briqueterie» pour procéder à la réparation.

C’est ainsi que Mermoz vint à Reyniès, deux mois avant de disparaître dans l’Atlantique, avec son équipage à bord de son avion «La Croix du Sud». Durant ces années glorieuses, l’aérodrome fut le témoin de nombreuses anecdotes : le décollage et la destruction du «Pou du Ciel» du Montalbanais Reboul ou le baptême de l’air de M. le curé vêtu de sa soutane !

Réquisitionné en 1939, au début de la guerre

La Deuxième Guerre mondiale sonna le glas de l’Aéro-Club. Le 4 septembre 1939, Maurice Bonhomme, répondant à un ordre de réquisition, présentait son Potez à la base aérienne 101 de Toulouse Francazal. Pas de choix, pas de discussion : on lui en proposa 27 495 francs. Le 26 juin 1991, Maurice Bonhomme était fait citoyen d’honneur de Reyniès par le maire Antoine de Reyniès. Il est décédé en 1995 à l’âge de 101 ans !

La Dépêche du Midi


http://www.ladepeche.fr/article/2014/02/20/1822525-le-jour-ou-jean-mermoz-atterrit-a-reynies.html