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 The dark side of the Soum - L'affaire Charpentier

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Poum
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MessageSujet: The dark side of the Soum - L'affaire Charpentier   The dark side of the Soum - L'affaire Charpentier Icon_minipostedMer 9 Sep à 17:43

Dans un bouquin sur la seconde guerre mondiale dans l'Aude on trouve quelques éléments sur la fameuse histoire de Tonton Pierre.
Je commence donc cette catégorie par le côté obscur mais sous peu, plus de choses plus marrantes.


4 septembre 1944: jour anniversaire d'un autre 4 septembre, celui qui vit la proclamation en 1870 de la République à l'Hôtel de ville de Paris. A Carcassonne, comme ailleurs, on fête donc la naissance de la 111ème République. Jour férié pour tout le monde, sauf pour la Cour de justice, qui condamne à mort ce jour-là un milicien. Ce dernier est fusillé le lendemain sur le terrain de Romieu. Le 6 septembre, on découvre sous un ponceau, près de Palaja, à proximité de Carcassonne, le corps d'un homme à demi carbonisé. D'après le médecin qui l'examine, l'homme a été tué par une balle de pistolet tirée sous l'omoplate gauche et qui l'a transpercé. On n'arrive pas à l'identifier, malgré un signe particulier : une oreille en chou-fleur, comme en ont certains sportifs. On inhume l'inconnu au cimetière Saint-Michel à Carcassonne. ‎

Or, voilà qu'à Béziers s'est tenue le 5 septembre une réunion des chefs départementaux des parachutages pour la R 3. Le chef régional, le capitaine de corvette de Riencourt, les a convoqués pour la restitution de la somme de 50.000 francs qu'il avait constituée à titre de provision pour chacun d'eux. Tous sont présents et rendent la provision, sauf Charpentier, chef départemental pour l'Aude. De Riencourt, n'ayant pas de ses nouvelles dans les jours qui suivent, met l'affaire entre les mains de la Sécurité militaire. On constate alors que Charpentier a disparu depuis le 4 septembre. Le 10 octobre, on exhume au cimetière Saint-Michel le corps de l'inconnu de Palaja. Deux personnes reconnaissent formellement Charpentier grâce à l'oreille en chou-fleur. Le lendemain, les opérations d'identification continuent, mais l'oreille caractéristique a été entretemps sectionnée et a disparu. Néanmoins, l'identification étant certaine, un jugement déclaratif de décès est pris par le Tribunal civil. 
Le 4 décembre, deux inspecteurs de la Sécurité militaire de Montpellier viennent enquêter à Carcassonne et arrêtent un résistant. Aussitôt, ses amis s'émeuvent et font savoir à la Sécurité militaire que Charpentier était un traître et que son exécution était légitime. La Sécurité militaire, convaincue par l'argument, fait relâcher le résistant et classe l'affaire. 
Or, qui était Charpentier ? Il s'appelait en réalité Noël Blanc, Charpentier étant son pseudonyme dans la Résistance. Après la campagne 1939-1940 pendant laquelle il avait été officier interprète auprès d'un régiment britannique, il était venu rejoindre sa femme repliée à Florac (Lozère). Il avait fait connaissance dans cette ville de Me Noguères, député des Pyrénées-Orientales, placé là en résidence surveillée. On l'avait alors chargé d'organiser l'A.S. dans le secteur de Florac. Arrêté le 6 mai 1943 par la gendarmerie, il s'était évadé en traversant le Tarn à la nage. En décembre 1943, il était nommé chef des parachutages dans l'Aveyron et en mai 1944 chef des parachutages dans l'Aude. De Riencourt a toujours refusé de croire qu'il avait pu trahir. Quant à Me Noguères, qui deviendra président de la Haute Cour de justice, il défendra jusqu'au bout sa mémoire. 
Que s'était-il donc passé le 4 septembre ? La dernière personne ayant rencontré Noël Blanc était un attaché de presse au service F.F.I. qui l'avait accompagné à Carcassonne jusqu'à la clinique du Bastion devant laquelle il l'avait quitté vers 21 heures. En cours de route, Blanc avait confié à son compagnon « Je vais demander des comptes, car je suis moi-même appelé à en fournir demain à Béziers. La nuit, il ne rentrera pas à l'hôtel Terminus où il occupait une chambre. On ne le reverra pas vivant. 
Si le résistant avait été arrêté par les inspecteurs de la Sécurité militaire, c'est qu'il avait été témoin dans la journée du 5 septembre de l'enlèvement du corps de Noël Blanc à la clinique du Bastion, à son transport à Palaja et à la tentative d'incinération. Les inspecteurs avaient donc été mis sur la bonne piste mais, l'affaire étant classée, le ou les meurtriers de Blanc pouvaient dorénavant être tranquilles. Ils le seront en effet jusqu'en 1949, date à laquelle une information sera ouverte. Une infirmière de la clinique s'accusera immédiatement du meurtre, invoquant comme excuse la légitime défense. Devant ses mensonges, l'affaire n'avancera pas. En 1952, un médecin carcassonnais, qui avait installé son cabinet hors région, viendra pour un jour à Carcassonne. Ayant couché pendant la nuit à la clinique du Bastion, on le trouvera au matin, agonisant. Les soins qui lui seront prodigués ne le sauveront pas. Une nouvelle information est ouverte qui conclut à l'empoisonnement. On pensera à un suicide mais, les deux affaires étant liées, en 1954 le juge d'instruction inculpera de meurtre deux personnes et les placera en détention préventive. La Chambre des mises en accusation de Montpellier, appelée à statuer, ordonnera leur mise en liberté en application de la loi d'amnistie du 6 août 1953 s'appliquant aux résistants. 
L'affaire, à ce moment-là, a tourné au scandale d'autant plus que d'autres affaires sont venues se greffer dessus escroquerie, subornation de témoin, trafic d'influence, diffamation. Elle est exploitée non seulement par les journaux régionaux, mais aussi par les organes de la presse pari-sienne. Les uns penchent pour une vengeance personnelle, les autres pour un détournement de fortes sommes au préjudice de la Résistance, ce que croit en général la population. 
Le juge d'instruction sait qu'il peut faire condamner, malgré leur mise en liberté, les prévenus s'il peut apporter la preuve que le motif du meurtre de Blanc n'a rien à voir avec la Résistance mais, malgré des efforts méritoires, il n'y arrivera pas. Alors, en avril 1955, il clôturera sa procédure par une ordonnance de non-lieu. L'affaire Charpentier avait duré plus de dix ans. Comme l'affirmait un organe de presse parisien dans son dernier article, « elle avait provoqué l'indignation des uns, la stupeur navrée des autres et la curiosité passionnée de tous. 

Quant à nous, nous ne retiendrons qu'une seule chose c'est que Noël Blanc n'était pas un traître. La Chambre des mises en accusation de Montpellier a été en effet formelle sur ce point. Si elle a prescrit la mise en liberté des prévenus, car la loi d'amnistie l'y obligeait, elle a tenu néanmoins à préciser dans son arrêt du 23 janvier 1954 : 
« que l'instruction en cours a démontré le patriotisme de Noël Blanc, alias Charpentier et son loyalisme à l'égard de la Résistance, qu'elle a fait apparaître d'autre part que les prévenus ont menti et ont été d'une mauvaise foi évidente et qu'elle a recueilli de nombreux indices permettant de penser que Blanc, alias Charpentier, a été victime d'une vengeance personnelle.


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Dernière édition par Poum le Lun 14 Déc à 22:32, édité 4 fois
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MessageSujet: l'affaire Charpentier    The dark side of the Soum - L'affaire Charpentier Icon_minipostedLun 7 Déc à 0:53



Musique et patrimoine de Carcassonne

Ce n'est pas une histoire à dormir debout, mais une histoire pour laquelle il vaut mieux rester couché... C'est d'ailleurs, ce que certains des protagonistes de cette affaire ont été forcé à faire. Ceci sans concessions mais à perpétuité, dans le silence des mauvais secrets de la résistance audoise.



Noël Blanc, alias Charpentier

Tout commence par la découverte d'un cadavre à moitié carbonisé dans le fossé de la route allant de Palaja au Mas-des-cours, près d'un pont.



 Nous sommes le 6 septembre 1944, soit quinze jours après la libération de Carcassonne. Qui est donc cet individu? Il s'agirait d'un chef de la résistance, envoyé par Londres à Carcassonne le 28 mai 1944 comme responsable des parachutages. Son nom? Noël Blanc dit Capitaine Charpentier. Le corps est alors amené à la morgue de Carcassonne, le soir même. Certains de ses proches compagnons le reconnaissent à ses oreilles en feuille de choux, résultant de ses activités d'ancien rugbyman. D'autres, comme le chirurgien de la clinique du Bastion refuseront de le reconnaître. Pourtant, c'est bien dans cet établissement que la veille, fut occis par balle le pauvre Charpentier.



La clinique du Bastion (rue Voltaire) cache à cette époque l'activité clandestine de la résistance et soigne les blessés du maquis. Hélas, depuis l'exécution à Baudrigues le 29 juillet 1944 du chef de la résistance audoise Jean Bringer (Myriel) et d'Aimé Ramond, il semblerait que les miraculés ayant échappés au convoi vers la mort ne soient pas prêts à parler. Ont-ils des choses peu avouables à cacher? L'histoire les rattrapera en 1952, avec la mort inexpliquée par suicide de l'un de leurs complices dans la chambre 47 de cette même clinique. Encore, un mort qui ne pourra plus parler... Pour ce qui est du meurtre de Charpentier, ils sont à-priori tranquilles car protégés par la loi d'aministie. Enfin, pas tout à fait... En effet, sont amnistiés les résistants ayant tué par nécéssité dans le cadre des activités clandestines. Est-ce une exécution pour traitrise ou un assassinat pour convenances personnelles?



Noël Blanc (Charpentier) sera inhumé le 7 septembre 1944 au cimetière Saint-Michel de Carcassonne

Tombe 17 Carré 21

Le régistre du cimetière porte la mention suivante à cette date

Cadavre calciné inconnu/ 7 sept 44/ Autorisation du juge d'instruction



Peu de temps après, le corps de Charpentier a été mis dans la crypte des martyrs de Baudrigues. Une espèce de réhabilitation en quelque sorte pour celui que le groupe de résistants de la clinique désignait comme traître, ayant donné Jean Bringer à la Gestapo. La preuve sera faite au procès des résistants de la clinique du Bastion en 1952 que ces allégations sont totalement fausses. Charpentier est hors de cause dans l'arrestation de Bringer. En octobre 1948, la veuve, habitant désormais Neufchâteau dans les Vosges et remariée avec un dénommé Ancely, demande le transfert des restes de son mari dans le cimetière de cette ville.



Le procès en 1953 afin de faire la lumière sur "le suicide" d'un des acteurs en la clinique du Bastion, réouvrira le dossier Charpentier et son enquête. Le juge demandera l'exhumation du corps de la victime dans le but de vérifier les impacts de balles. Ceux-ci devant réveler si la thèse des accusés, est compatible avec leurs versions des faits. La police scientifique de Mirecourt (Vosges) chargée des conclusions ballistiques n'aura pas à effectuer son travail. Et pour cause... À l'intérieur du cercueil, ne se trouvait pas la dépouille de Charpentier, mais celle d'un homme plus petit et d'une femme ou d'un enfant. L'ensemble des ossements étaient entremêlés entre-eux. Il y a eu donc substitution et disparition de cadavre. Reste à savoir où, à quel moment, dans quel but et ce qu'il est advenu de celui de Charpentier.

Je me suis rendu au service des cimetières de Carcassonne afin de vérifier. La tombe 17 Carré 21 de Saint-Michel renferme les dépouilles de madame Gayraud et d'Yves Marty, inhumés en 1953. Bien sûr, Charpentier ne s'y trouvait officiellement plus, depuis son transfert à la crypte des martyrs de Baudrigues. Toutefois, les deux nouveaux inhumés sur cet emplacement l'ont été, l'année du procès des accusés de la clinique du Bastion. Étrange coïncidence...

 Qui a tué Charpentier ?

À postériori, l'infirmière de la clinique s'est accusée du meurtre lors du procès en 1953. Elle reviendra par trois fois sur ses déclarations, pour finalement avouer que c'est le "suicidé" qui a fait ce travail. Ce médecin Carcassonnais proche du directeur de la clinique, alors habitant d'Antibes depuis la libération, viendra mourrir de son plein gré dans cet établissement, dans la nuit suivant son arrivée par le train en provenance de la Côte d'Azur. Avait-il fait le voyage jusqu'à Carcassonne pour avouer sa faute et livrer ses complices ; en conséquence de quoi, on l'a purement et simplement suicidé pour qu'il garde le silence? Il aurait très bien pu se suicider à Antibes...

Quel mobile ?

Les accusés diront que Charpentier était un traître et qu'il fallait l'éliminer. Une partie des résistants en témoigne, l'autre partie au contraire s'en défend. Comme le directeur de la clinique (accusé au procès) est condamné pour subordination de témoins, difficile de croire la version de la défense. Si la victime avait été un traître, pourquoi donc avoir attendu le 6 septembre pour l'exécuter? Il suffisait de la faire traduire devant les tribunaux mis en place à la libération de Carcassonne. Pourquoi avoir calciné son corps sur une route si retirée, après Palaja? Pourquoi avoir coupé ses oreilles en feuille de choux au moment de la mise en bière? Pourquoi avoir substitué son cadavre dans le cercueil?

Charpentier aurait été envoyé par Londres, pour enquêter sur la disparition d'une grosse somme d'argent parachutée pour les maquis de la région. Aurait-il découvert les auteurs du vol ? Qui ne pouvait être mieux renseigné sur le lieux du parachutage, que certains intéressés eux-mêmes? Ceci donnerait un mobile à son assassinat, à toutes les manoeuvres pour faire disparaître son identification et finalement, son corps. Les spéculations sur l'enrichissement soudain de certains Carcassonnais après la guerre, acquéreurs de belles demeures dans le coin, sont allées bon train. Vérités ou Jalousies?

Où est passé le corps?

À cette question d'importance, qui pourrait répondre aujourd'hui? Charpentier tué dans la clinique, son corps a t-il été incendié au bord de la route ou ailleurs? L'essence était à cette période une ressource rare, réservée aux militaires. Est-il crédible d'en posséder dans une clinique, quand les particuliers roulent au gazogène? Brûler un corps en bord de route en plein été aurait provoqué un incendie, avec le risque que les fumées ne donnent l'alerte. Mais alors, a t-on brûlé le corps sur le lieu du crime? C'est possible ; une chaudière peut très bien le faire, mais il serait idiot d'aller ensuite déposer le corps au bord d'un chemin. À moins... que l'on ait fait croire qu'il s'agissait de celui de Charpentier à Palaja, pendant que le vrai était incinéré dans la chaudière de la clinique.

Dans cette histoire, il a fallu des complicités et sûrement en haut lieu. On ne substitue pas un cadavre au moment de poser les scellés sur le cercueil, à moins... On ne substitue pas un cadavre à la morgue, à moins... On ne fait pas disparaître des rapports de police, à moins... À moins... À moins...



Autre hypothèse: celle de la femme du directeur de la clinique. Charpentier n'a jamais été tué ; c'est ce qu'il a voulu laisser croire en s'enfuyant vers l'Argentine avec le magot des parachutages. Elle le raconte dans ce roman publié en 1959 sous un pseudonyme, dont le but est de défendre la mémoire de son mari, injustement incriminé selon elle.

L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn

(Victor Hugo)

___________________________

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MessageSujet: suite...   The dark side of the Soum - L'affaire Charpentier Icon_minipostedLun 7 Déc à 1:02

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Le 12 août 2014, j'évoquais l'histoire de la disparition du cadavre d'un responsable de la Résistance, retrouvé calciné le 6 septembre 1944 en bordure de la route menant au Mas-des-cours. Il s'agissait de Noël Blanc, alias Charpentier, envoyé par Londres pour enquêter sur la disparition d'une grosse somme d'argent destinée aux maquis, après un parachutage. Il est indispensable que vous relisiez cet article en lien ci-dessous afin de comprendre ce qui va suivre :

ou-est-donc-passe-le-cadavre-de-la-tombe-17-196446.html

Depuis ce temps, je me suis rendu aux archives départementales de l'Aude où j'ai tenté de retrouver certains dossiers jusque-là classifiés. J'ai découvert les dépositions des témoins ayant découvert le cadavre, quelques rapports de police, les lettres du préfet et les sanctions prononcées contre un de ses agents. Voilà un puzzle, qui reconstitué, va nous éclairer sur cette ténébreuse affaire...



C'est là... sous ce ponceau situé à 800 mètres de la ferme de Cassagnac en direction de Fajac-en-val qu'a été découvert le cadavre de Charpentier.

La découverte du cadavre

Le 7 septembre 1944, Jean Labadie et Henri Mas, Maréchaux-des-logis chef, rédigent un rapport dans lequel ils indiquent avoir été prévenus par le Président de la Commission de Libération de Palaja, de la découverte du cadavre d'un homme sous un ponceau de la route départementale 42, à proximité de la ferme Montgrand, en direction du Mas-des-cours. Ce sont deux hommes qui, partis pour chercher des champignons, ont fait la macabre découverte en voulant cacher leurs bicyclettes sous ce ponceau. Il était impossible d'apercevoir le corps depuis la route ; l'entrée du petit pont était obstruée par quelques ronces. 

Constatations sur la victime

Le corps était allongé de tout son long, la face tournée vers le haut et les mains crispées repliées vers le milieu du corps. Après avoir été arrosé d'un liquide inflammable, le ou les assassins ont mis le feu au cadavre qui a été entièrement brûlé. Une quinzaine d'allumettes ont été allumées et jetées près du corps. La victime était habillée d'un costume bleu marine avec rayures blanches, une chemise gris-bleu à manchettes, nu-tête, les chaussures complètement détruites par le feu. On a retrouvé des boutons de manchettes qui ont été déposées comme pièces à conviction. La victime a été tuée à l'aide d'une arme à feu et transportée ensuite en ce lieu désert, puis incendiée avec un liquide inflammable. Aucune douille n'a été retrouvée à proximité ou dans les environs. Aucune pièce d'identité n'a pu être trouvée sur lui.

Les témoins  

M. Ricard Joseph, Président de la Commission de Libération de Palaja, déclare à 17h :

"Aujourd'hui, six septembre 1944, vers 12h45, j'ai été avisé par les nommés Plantier et Roquefort, tous deux de Carcassonne, que le cadavre d'un homme, se trouvait sous un ponceau de la route départementale N°42 de Palaja à Fajac-en-val, à 3,5 km au sud-est de Palaja. Je vous ai avisé aussitôt et j'ai mandé d'urgence un docteur en médecine. Je ne me suis pas rendu sur les lieux avant votre arrivée. Je ne connais pas cet homme comme étant de la région. Dans ma commune aucune disparition ne m'a été signalée. Durant ces derniers jours, je n'ai remarqué aucun véhicule suspect passer à Palaja. Cette route avant la rentrée des F.F.I à Carcassonne, était peu fréquentée ; il n'en est pas de même actuellement."

Laganthe Élie, 73 ans ; André Besse, 38 ans et Rios Narcisse, 46 ans ;  demeurant respectivement à la ferme Montgrand (située à 500 mètres) et à la ferme Cassagnac (située à 800 mètres), n'ont rien entendu et n'ont rien vu de suspect.

Pierre Roquefort, 38 ans, chauffeur domicilié à Carcassonne et son camarade Plantier Étienne, 46 ans, mécanicien à Carcassonne ont déclaré avoir découvert le corps en allant aux champignons, le 6 septembre 1944. En voulant cacher leurs vélos, ils ont vu un homme étendu sous le ponceau au petit matin. Avec l'obscurité, ils n'ont d'abord pas vu qu'il s'agissait d'un cadavre, mais plutôt un individu en train de dormir ou encore un "bôche". Après leur cueillette, ils sont retournés à midi voir si l'homme y était toujours. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il se sont aperçu avec le jour, qu'il s'agissait d'un homme carbonisé.

Certificat médical

Le Dr Henri Piétréra, médecin assermenté a constaté que la victime avait tué par une balle de révolver ayant pénétré dans l'espace inter-uno vertébrale gauche et est sortie en avant au-dessus de la clavicule gauche. Le corps a été brûlé après la mort.

L'enquête

Elle mènera à la clinique du Bastion de Carcassonne, après la réouverture de l'enquête suite au décès suspect du Dr Cannac dans cette même clinique. Il semble évident qu'une partie de la Résistance ait occis Charpentier. Mais qui ? L'infirmière Thérèse Paillet s'accuse du meurtre ; elle indique que Charpentier l'avait menacé de ses avances et qu'elle a agi par légitime défense. Puis, elle se rétracte... Elle accuse le Dr Cannac d'être l'assassin car il fallait l'éliminer, c'était un traître. Thèse également soutenue par une partie des Résistants mais démontée par l'autre partie. Qui croire ? Facile de faire porter la responsabilité sur un   défunt ; le Dr Cannac venu se suicider (chose étrange) depuis Antibes - où il s'était réfugié après la guerre - le lendemain dans la clinique Delteil. Tout ceci va créer un véritable émoi dans la presse locale et la presse nationale ; détective et Paris-Match font leur gros titre.

On étouffe l'affaire ?

J'ai retrouvé une lettre du Préfet de l'Aude datée du 28 novembre 1952. Elle adressée au Ministre :

"Cette affaire est de nature à avoir des répercutions considérables dans mon département et peut-être même sur le plan national, en faisant hâter le procès du ou des assassins de Charpentier (Blanc) et de mettre en cause un certain nombre de personnes considérées comme honorables."

Des documents disparaissent

Parmi les policiers Carcassonnais épurés (ils sont nombreux), J'en ai trouvé un qui a été sanctionné pour avoir participé aux activités pro-allemandes et pour avoir faire disparaître des documents très importants du dossier d'enquête de l'affaire Charpentier. Tiens donc... 

On sait où est Charpentier

Ce cadavre inhumé à Saint-Michel dans la tombe 17, puis placé dans le caveau des martyrs de la Résistance, avant d'être envoyé à Chäteauneuf (Vosges) à la demande de la veuve, n'a jamais été celui de Charpentier. On a subtilisé le corps à la morgue, afin qu'aucune nouvelle autopsie ne puisse être pratiquée, tout en plaçant deux individus inconnus dans le cercueil. Plus de corps, beaucoup moins de chances de résoudre l'énigme du crime... Mais alors, où est passé le corps de Charpentier ? Nous avons trouvé la réponse manuscrite au bas d'un document confidentiel de la police, en date du 24 décembre 1953. Nous sommes à cette époque en plein procès de l'affaire Delteil, Cannac, Charpentier...



"On ne le retrouvera pas. Il est enterré avec le corps de miliciens"

Au début du mois de septembre 1944, certains miliciens Carcassonnais (n'ayant pas pu fuir) ont été fusillés à la caserne Laperrine. Qui a pu placer le corps de Charpentier avec celui des Miliciens ? J'ai mon idée... L'implication de certains Résistants à faire disparaître un responsable venu enquêter sur le vol d'argent parachuté, me semble se faire plus nette.  Qu'entend le Préfet par "personnes considérées comme honorables" ? Qui a t-on voulu protéger ?... Je vous invite à regarder les élections d'après-guerre, vous verrez des amitiés  suspectes faire alliance en dépit de leurs idéologies politiques. Je vous invite à regarder de plus près qui s'est subitement enrichi avec l'immobilier... Carcassonne conserve ses secrets.

Sources

Archives de l'Aude

____________________________

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Le mystère est levé sur le cadavre de la tombe 17... : Musique et patrimoine de Carcassonne
http://musiqueetpatrimoine.blogs.lindependant.com/archive/2015/08/17/le-mystere-est-leve-sur-le-cadavre-de-la-tombe-17-213467.html
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MessageSujet: Le dossier noir   The dark side of the Soum - L'affaire Charpentier Icon_minipostedSam 12 Déc à 10:44

Un film inspiré de l'affaire ?

http://m.ina.fr/video/I00000712
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MessageSujet: L'affaire Charpentier dans "Le Monde"   The dark side of the Soum - L'affaire Charpentier Icon_minipostedLun 22 Juil à 21:51

https://www.lemonde.fr/archives/article/1952/12/01/le-docteur-cannac-d-antibes-aurait-ete-empoisonne_2002598_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1952/12/08/la-mort-suspecte-du-docteur-cannac-la-veuve-du-medecin-ne-croit-pas-au-suicide_2006740_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1953/12/07/therese-paille-revient-sur-ses-aveux-et-accuse-le-docteur-cannac-mort-dans-des-circonstances-mysterieuses-en-1952_1979114_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1953/12/10/le-docteur-pierre-soum-est-arrete-sous-l-inculpation-de-trafic-d-influence_1979231_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1953/12/18/le-docteur-pierre-soum-est-condamne-a-un-an-de-prison-avec-sursis-pour-trafic-d-influence_1978944_1819218.html


https://www.lemonde.fr/archives/article/1954/01/08/le-juge-d-instruction-va-s-efforcer-d-etablir-les-veritables-mobiles-de-l-execution-du-capitaine-charpentier_2035611_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1954/01/11/le-juge-d-instruction-entendrait-prochainement-la-veuve-du-docteur-cannac_2036765_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1954/01/13/i-une-clinique-au-service-de-la-resistance_2036753_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1954/01/16/les-restes-de-la-victime-n-ont-pas-ete-retrouves-dans-le-mausolee-du-cimetiere-de-carcassonne_2035398_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1954/01/18/le-docteur-delteil-est-inculpe-de-subornation-de-temoins_2036318_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1954/01/26/le-docteur-deltheil-n-est-aucunement-responsable-de-la-mort-de-charpentier-declare-une-nouvelle-fois-therese-pallie_2034925_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1954/01/29/l-affaire-charpentier-le-docteur-delteil-demeure-detenu_3038202_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1954/02/03/le-docteur-delteil-comparaitra-demain-devant-le-tribunal-correctionnel-de-carcassonne_2034446_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1954/02/05/le-ministere-public-a-demande-une-forte-peine-de-prison-contre-le-docteur-delteil-accuse-de-subornation-de-temoins_2033821_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1954/02/12/le-docteur-delteil-est-condamne-a-six-mois-de-prison_2034153_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1954/02/16/le-docteur-delteil-est-inculpe-une-troisieme-fois-pour-abus-de-confiance_2032913_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1954/02/19/le-docteur-philippe-soum-a-ete-de-nouveau-entendu_2033187_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1954/04/09/la-cour-d-appel-de-montpellier-aggrave-la-condamnation-prononcee-contre-le-docteur-delteil-pour-subornation-de-temoin_2012975_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1954/07/29/a-la-cour-de-cassation-le-docteur-delteil-sera-de-nouveau-juge-pour-subornation-de-temoins-le-docteur-delteil-sera-de-nouveau-juge-pour-subornation-de-temoins_3038234_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1955/02/18/pour-escroquerie-au-prejudice-d-organismes-sociaux-le-docteur-delteil-et-sa-femme-sont-condamnes-chacun-a-500-000-francs-d-amende_1945472_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1955/04/11/non-lieu-dans-les-affaires-cannac-et-charpentier_1960608_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1955/04/27/une-lettre-du-docteur-delteil-a-propos-d-un-non-lieu_1959413_1819218.html

https://www.lemonde.fr/archives/article/1955/07/06/le-docteur-delteil-est-acquitte-par-la-cour-d-appel_1961747_1819218.html
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